Le Cap Finisterre, ça commence maintenant !

En ce tout début d’automne, c’est un golfe de Gascogne de saison qui a « cueilli » la flotte de la La Boulangère Mini Transat, à l’entame de la première étape en direction de Santa Cruz de La Palma, aux Canaries. Avec le passage rapide d’une dépression orageuse, les 48 premières heures n’ont ménagé les bateaux dans des rafales à 35 nœuds sur une mer dure et cabossée. En témoignent les deux démâtages survenus depuis le départ, ceux de Thomas Biasse (880- Une Spondy en Mini) et de Thomas Hamparian (975-Bee Engineering – AELIG).

Spi déchiré, bout-dehors brisé, tangon cassé, aérien arraché, pilote défaillant..  La litanie des avaries s’invitant à bord d’entrée de jeu donne la mesure du niveau d’exigence sportif et maritime de la course. Et c’est sans compter avec le virulent mal de mer, les violents départs au tas et autres figures de styles qui malmènent aussi les marins et les organismes sur cette copieuse mise en bouche dans des grains et les orages. Mais qu’importent les galères et les difficultés nourries par cet amarinage brutal et engagé. Avec l’humilité et le courage qui s’imposent, de nombreux solitaires confirment, par bateaux accompagnateurs interposés, s’efforcer de rester coûte que coûte dans la course. Quitte à faire escale et à payer le prix de 12 heures à terre pour s’octroyer une pause technique salvatrice.

Ça répare, et ça repart…

C’est le cas de Julien Letissier (1069 – Frérots Branchet), de  Sophie Delannoy (917-Moana Iti) ou encore de Julien Matha (429 -XFLR6). Après avoir rejoint à Lorient, ce trio de bateaux a d’ores et déjà repris les chemins qui mènent aux Canaries.

D’autres,  à l’image de Uros Krasevac (759-Ashika II), doivent aussi se dérouter. En panne de pilote automatique, le Solvène se dirige actuellement vers l’Espagne. Une option qu’a aussi envisagée Arthur Paviot (Grand Océan 624), avant de parvenir à réparer son safran en mer. Comme lui, ils sont nombreux à tout faire pour résoudre leurs soucis techniques, avec les moyens du bord. Un exercice pour lequel les savoir-faire de Matéo Lavauzelle (1044- Brest) et Robinson Pozzoli (1026-UOM), tous deux constructeurs de leur proto, vont se révéler précieux pour réparer leur bout-dehors cassé. Persévérance et débrouillardise sont les maîtres mots de ces solitaires,  prêts à tout donner pour vivre en grand cette aventure version Mini, qui joue à guichets fermés.

« Ces problèmes techniques confirment les craintes qu’on pouvait avoir, au niveau matériel pour une flotte de 90 bateaux. Mais ces avaries au départ de cette transat  dans les  conditions rencontrées n’ont rien de surprenant », indique  Yves Le Blevec. Le vainqueur de l’édition 2005 souligne avant tout « le très beau début de l’ensemble de la flotte », qui voit les premiers skippers débouler, sous spi dans des vents de nord-est bien établis vers le cap Finisterre,  matérialisant la sortie du golfe de Gascogne.

Batailles de fortes têtes

« Dégolfler en deux jours, c’est plutôt sympa. Sur la majorité des bateaux, cela navigue super bien, avec des trajectoires très propres, et des leaders qui attaquent bien, alors que toute  la difficulté consiste à savoir à quel moment temporiser pour préserver le bateau ; et où placer le curseur », analyse-t-il. Avec une mention spéciale pour Amaury Guérin (Groupe Satov) le premier série, bien installé dans les talons de Benoît Marie, la forte tête des protos sur son foiler Nicomatic-Petit Bateau, réputé intouchable. 

« Chez les séries – et il est suivi par Paul Cousin (981-Biocombustibles) qui s’accroche aussi -, Amaury enfonce le clou. 14,4 nœuds sur 4 heures : on a vu hier sur les pointages qu’il met une cadence infernale. Ces deux-là font le trou dans leur catégorie ». Pas étonnant, quand on sait que ces deux skippers  n’ont eu de cesse de se partager la plupart des podiums des courses d’avant-saison. À juste titre, ils  figurent en pôle position dans les grilles des pronostiqueurs.

Aux avant-postes, aux abords du cap Finisterre que la tête de flotte aborde en passant par l’intérieur du DST (dispositif de séparation de trafic), le deuxième épisode de cette première étape de 1 040 milles débute ce mardi  pour celles et ceux qui sont parvenus à préserver l’intégrité de leur bateau. Une première hiérarchie se dessine. En tête, en pointe, le proto équipé de ses grands foils roses anime les débats. Dans un flux établi à 20 nœuds, le 1 067 affiche de belles vitesses et commence à creuser de sérieux écarts avec ses deux poursuivants immédiats, Félix Oberle (1019- Big Bounce) et Alexandre Demange (1048-DMG Mori Salin Academy 2).

Derrière ces leaders, la flotte s’étire. Dans le peloton de tête pointe Thaïs Le Cam (1068-Frérots AD), suivie par Mathis Bourgnon (934-Assomast). Chez les séries, qui progressent très compacts, la bataille bat également son plein derrière les deux premiers. Six petits milles par rapport au but séparent un groupe de huit bateaux, emmené par le troisième au dernier pointage, l’Allemand Jan-Hendrick Lenz (1085-Monoka). Pour toutes et tous, après cette mise en jambe musclée, un nouvel épisode commence au large du célèbre promontoire espagnol. Les passages d’ici les prochaines heures vont s’y succéder. Mais gare aussi à la bulle anticyclonique et les pannes de vent annoncées dans le Sud de ce garde-barrière demain et jeudi. Il pourrait aussi jouer le rôle de passage à niveau…

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