Les 90 Minis sont amarrés au ponton Vendée Globe. Photo : Alexis Courcoux
Cette fois, on y est ! La flotte de La Boulangère Mini Transat est arrivée à bon port aux Sables d’Olonne. L’image des 90 plus petits voiliers de la course au large imbriqués les uns à côtés des autres et solidement amarrés au ponton du Vendée Globe, est saisissante. Elle donne toute la mesure du défi qui attend ces lilliputiens de l’océan, qui après avoir embouqué le chenal dimanche prochain vont entrer de plain-pied dans cette aventure hors norme. Mais d’ici là, place à la découverte des bateaux, aux rencontres avec cette jolie famille de skippers, et à la fête au cœur du village.
De l’audace, encore de l’audace, …
Pour la troisième fois consécutive, l’épreuve sur laquelle les skippers en mer n’ont aucun contact avec la terre, s’élance des Sables d’Olonne, théâtre des plus grands exploits maritimes en solitaire. Mais cette course, dont l’attractivité ne cesse de se renforcer, le vaut bien. Cette épreuve, la seule qui résiste encore aujourd’hui à la communication à tout va, reste le gardien du temple d’une certaine authenticité dans la manière de prendre la mer. Pas étonnant donc qu’il flotte aujourd’hui dans l’air sablais « l’esprit Mini », cet incomparable mélange d’inventivité, de convivialité, et d’audace.
Et de l’audace, s’il en est un qui n’en manque pas, c’est Matéo Lavauzelle. À 29 ans, ce marin trinitain débarque avec Brets, un proto auto-construit, qui ne passe pas inaperçu avec ses immenses foils jaunes. « Pour voler le plus tôt possible, on est parti sur un truc un peu extrême, qu’on assume. Mais le bateau est hyper jeune, et on n’a pas encore de retour d’expérience ».

“Je ne suis pas prêt, mais j’y vais”
Pour l’accompagner dans cette aventure avant-gardiste, ce préparateur de voiliers de course s’est rapproché de MMProcess, le collectif de designers à l’origine de la plateforme flottante qui accueillait le cheval d’argent de la cérémonie des JO sur la Seine. Inventivité et créativité sans limites sont les mots d’ordre de celui qui reste encore plus occupé à peaufiner son navire qu’à gérer son avitaillement. « Toute l’année, j’ai eu des trucs de l’espace à gérer à bord de ce bateau neuf que je découvre. Je ne suis pas prêt, mais j’y vais ! » lance celui qui a néanmoins replis tous les critères de qualification à bord de son proto révolutionnaire.
Sportivité, solidarité, durabilité
Aux côtés du proto “chips” et du redoutable Nicomatic-Petit Bateau de Benoît Marie, capable de pointes à plus de 31 nœuds, quatre autres foilers ambitionnent aussi de pousser loin les curseurs de la glisse au-dessus de l’eau. C’est le cas de NST Racing d’Awen Le Huec. Skipper-apprenti ingénieure de l’environnement, elle réalise à 22 ans un rêve tenace à la barre du tout premier proto 100% construit avec de la résine thermoplastique par le chantier girondin de Lalou Roucayrol.
« Je voulais un Mini conforme à mes valeurs dans le cadre d’un projet qui cherche à réduire l’impact de la course au large », justifie celle qui ne se départit pas non plus de légitimes ambitions sportives. Dans cet objectif, elle s’est fait aider sur le plan de la météo et du mental, par Erwan Le Roux, marin multicapé en Ocean Fifty.
« Je vais essayer de tenir le rythme des foilers de dernière génération comme je peux », ajoute celle qui trouve ici ce mélange des genres qui fait la marque de fabrique d’une transat qui n’a de Mini que le nom : « avec des projets radicalement différents, on est tous égaux dans cette aventure, cela crée une vraie solidarité. »

L’innovation grandeur nature
La convivialité et la franche camaraderie « avec des copains, plus que des concurrents », c’est aussi l’un des moteurs d’Adrien Marchandise, qui débarque avec son proto Minilab, bardé de capteurs, imaginé comme une plateforme collaborative autour de l’innovation. Son ambition ? « Offrir un retour d’expérience en circuit court, entre conception, fabrication et utilisation à des acteurs de la recherche et de l’industrie. »
“J’ai hâte de naviguer seul sous les étoiles”
Derrière les foils construits par méthode additive autour d’une résine recyclable, se cachent aussi des expérimentations au niveau des voiles et un gennaker fabriqué avec des matériaux plus durables, dont il va mesurer le comportement en grandeur nature. De quoi donner du sens à la démarche de ce skipper-ingénieur, « marin dans l’âme », qui au-delà de collecter des données à bord de son labo flottant, ambitionne aussi de beaucoup apprendre sur lui-même. « Il y a ce côté introspection et j’ai hâte de naviguer seul sous les étoiles et de voir par quelles émotions je suis traversé… »
Ce lundi, il ne reste plus que six jours avant le grand départ de cette maxi-aventure transocéanique, qui continue de nourrir les rêves les plus fous… Mais d’ici là, les Sablais ont rendez-vous pour la parade qui offrira, mercredi après-midi, une occasion unique d’admirer cette somptueuse flotte de “petits” bateaux réunis au départ de la transat qui n’a de Mini que le nom…
Les chiffres et numéros de la Mini-Transat – La Boulangère 2025
- Parcours : 4050 milles (7500 km) en deux étapes
- 33 prototypes, 57 bateaux de série
- 14 femmes, 76 hommes
- 8 récidivistes, 82 bizuths
- 13 nationalités : Allemagne, Autriche, Chine, Espagne, Estonie, France, Irlande, Italie, Japon, Slovénie, Suisse, Turquie, USA.
- 44 ans : l’écart d’âge entre le doyen, Miguel Rondon et Elouan Barnaud qui fêtera ses 21 ans sur la 2e étape.
- 6 foilers : 716 – Hader Solutions (Benoît Alt) ; 754 – Minilab Raging Bull (Adrien Marchandise) ; 900 – NST Racing (Awen le Huec) ; 945 – Nass&Wind/LES EDG (Basile Gautier) ; 1044 – Brets (Matéo Lavauzelle) ; 1067 Nicomatic-Petit Bateau (Benoît Marie)
- Le 198 Des Pieds et des Mains – Karen Liquid’ : proto double vainqueur de la course en 1997 et 1999, skippé par son architecte et constructeur Sébastien Magnen.
- Le 1098 Osmodyn / Build Crew : le plus récent bateau de la flotte, un Maxi sur plan David Raison.