Mini Transat

Après avoir été reporté de 24 heures en raison des mauvaises conditions météorologiques annoncées au large du cap Finisterre pour la journée de mercredi, le coup d’envoi de la première étape de La Boulangère Mini Transat a été donné ce lundi 25 septembre, à 13h38. Propulsés par un flux de sud-est soufflant mollement entre 4 et 7 nœuds, les 90 concurrents en lice ont alors quitté Les Sables d’Olonne pour rejoindre Santa Cruz de La Palma, avec un total de 1 350 milles à parcourir et presque autant de pièges à déjouer. Et les choses sérieuses vont débuter dès la nuit prochaine avec une phase de molle puis une première transition à négocier. De quoi, peut-être commencer à dessiner une première hiérarchie au sein de la flotte qui devrait toutefois rester relativement groupée jusqu’au passage du cap Ortegal où les vraies premières grandes manœuvres stratégiques pourraient véritablement commencer.

« On a tous pris rendez-vous pour ce départ il y a maintenant deux ans. Cette fois, on y est ! On rentre dans le vif du sujet et ça fait quelque-chose. Je ne sais d’ailleurs pas vraiment bien quoi. Le monde, le bruit, les encouragements… Les sentiments se bousculent. C’est, concrètement, le début d’une grande et belle aventure humaine. On s’est tous énormément préparés pour la course, mais on n’avait pas forcément anticipé l’effet déferlant de l’émotion du départ ! Ce qui est sûr, c’est que l’on a tous vraiment très envie d’y aller ! », a expliqué Jérôme Merker (857 – Ensemble contre le cancer de l’enfant), peu avant de quitter les pontons Sablais, ce lundi matin. Un avis partagé par Bruno Lemunier (893 – Kalisto & Aerofab) : « Un jour de départ comme celui-ci, tout se bouscule dans les têtes. C’est vrai que ça fait deux ans que l’on bosse pour cet objectif de traverser l’Atlantique en solitaire. C’est une chance inouïe d’être là, et c’est d’autant plus vrai que l’on part finalement dans des conditions assez chouettes ». Chouettes, certes, dans la mesure où les premières 48 heures de course vont globalement se jouer dans des conditions clémentes, mais faciles, sûrement pas.



Une entame tactique

De fait, les solitaires vont devoir composer avec de petits airs et même une zone de molle lors de la nuit prochaine, avant une bascule du vent à l’ouest. Trouver les bons réglages, soigner la conduite, rester à l’affût des risées : tel est le programme des heures à venir, ce qui n’est certainement pas pour déplaire aux « nez pointus » qui seront alors en mesure de rivaliser avec les bateaux les plus récents de type scow, y compris ceux équipés de foils qui risquent toutefois de profiter de très belles phases, ainsi que l’a confirmé Jacques Delcroix (753 – Actual) : « C’est sûr que c’est mieux pour nous de partir dans de petits airs que de partir au reaching dans 20 nœuds mais la pétole, c’est toujours dur. Il faudra bien jouer avec les petites variations du vent pour créer des décalages », a indiqué le skipper, en ce sens rejoint par Hubert Maréchal (787 – Osons Ici et Maintenant). « Dans le petit temps, ce n’est jamais facile de faire avancer le bateau, quelle que soit le type d’étrave. Il faut se battre car il y a moins de sensations et moins d’adrénaline. L’enjeu sera d’essayer d’être plus malin que les autres ou, à tout le moins, plus rapide », a relaté de son côté le navigateur Parisien, rompu à la régate au contact et pas mécontent du programme de cette partie de course qui s’annonce tactique, avec, on l’a dit, une transition en fin de nuit prochaine, puis une deuxième avant même le passage du way-point ajouté par la Direction de course, au nord de Gijón, pour éviter du trop mauvais temps dans le golfe de Gascogne.

Vite se remettre de ses émotions
 « Il y a aura des choses qu’on loupera et des choses qu’on réussira. Ce sera important d’essayer de bien comprendre ce qui se passe et de s’adapter si on n’a pas fait exactement ce qu’on voulait faire. Il y aura des petits coups à jouer. Ça va être intéressant et marrant. Une chose est sûre : il va falloir rapidement digérer les émotions du départ et réussir rentrer dans la course immédiatement », a relaté Gaby Bucau (865 – Maximum) qui s’attend à ne pas dormir beaucoup d’ici au passage de la marque virtuelle, dans la nuit de mardi à mercredi, mais qui sait aussi qu’il faudra tenir dans la cadence dans le temps d’autant que selon les derniers routages, cette première étape pourrait en peu trainer en longueur et ainsi durer autour de neuf jours pour les plus rapides et jusqu’à douze pour les retardataires.