Matéo Lavauzelle : “À défaut de voler sur l’Atlantique, ça volait à l’arrivée !”

Matéo Lavauzelle a fait le show à son arrivée en Guadeloupe, à la barre de son foiler Brets – Don du Sang Bénévole, qui a coupé la ligne en plein vol. Ce bateau, qu’il a lui-même construit et qui a reçu le titre de « proto de l’année » décerné par la Classe Mini, incarne toute l’audace du skipper morbihannais. En un temps record, Matéo est parvenu à se préparer et à boucler sa première Mini Transat à bord de ce prototype révolutionnaire, reconnaissable entre mille avec ses grands foils jaunes. Éprouvé par une traversée exigeante — passée pour partie à barrer la nuit, faute d’électronique — il a tout de même réussi l’exploit d’emmener sa « chips volante » à bon port. Déçu sur le plan sportif, mais porté par l’émotion de l’arrivée, le marin de 28 ans a retrouvé ses proches et les skippers de la flotte proto, qui l’ont accueilli avec un lancé de chips en guise de cotillons


Matéo Lavauzelle a fait le show à son arrivée en Guadeloupe, à la barre de son foiler Brets – Don du Sang Bénévole, qui a coupé la ligne en plein vol. Ce bateau, qu’il a lui-même construit et qui a reçu le titre de « proto de l’année » décerné par la Classe Mini, incarne toute l’audace du skipper morbihannais. En un temps record, Matéo est parvenu à se préparer et à boucler sa première Mini Transat à bord de ce prototype révolutionnaire, reconnaissable entre mille avec ses grands foils jaunes. Éprouvé par une traversée exigeante — passée pour partie à barrer la nuit, faute d’électronique — il a tout de même réussi l’exploit d’emmener sa « chips volante » à bon port. Déçu sur le plan sportif, mais porté par l’émotion de l’arrivée, le marin de 28 ans a retrouvé ses proches et les skippers de la flotte proto, qui l’ont accueilli avec un lancé de chips en guise de cotillons
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INTERVIEW

Une arrivée spectaculaire 

« Trop bien, cette arrivée ! À défaut de voler sur l’Atlantique, ça volait en approche de la ligne ! Mais sinon… ouais, c’était un peu sauvage, cette course. Je me suis fait un peu cueillir, je pense.
En fait, il y a deux parties. D’un côté, je suis très, très heureux de l’avoir faite — surtout quand on sait d’où je suis parti. Et en même temps, côté performance, je suis extrêmement déçu. J’ai passé un moment à pleurer, ou disons… à être triste. Mais l’aventure, elle, compensait tout. Ça donne envie de voir plus grand, de voir plus loin. Et surtout, je reste bluffé par la cadence des copains. Ils vont trop vite ! »

Une relation compliquée avec son bateau

« Avec le bateau, on s’est aimés, on s’est détestés… Là, on fait un break ! Pas que de l’amour entre nous. La vie à bord a été extrêmement dure, il m’en a fait baver. Il n’a pas montré les performances que j’attendais. Je suis déçu, mais je sais bien qu’il n’y a pas de raison de l’être : il faut juste kiffer l’instant.
Il m’en a fait voir de toutes les couleurs. C’est une relation récente, c’est sûr ;  mais déjà, j’ai des envies de tout changer, de le refiter fort ! »

Des nuits plus longues que les jours

« Bizarrement, je n’ai pas beaucoup sorti la boîte à outils. Au milieu de l’Atlantique, j’étais à la VHF avec un concurrent et je lui disais que je n’avais plus de musique à bord, que c’était un peu dur. Et au moment où j’ai dit cette phrase… c’était fini ! Toute la deuxième moitié de la course, je n’avais plus d’électronique.
J’ai tout fait à la mano. La journée, les panneaux solaires me permettaient d’utiliser un peu le pilote, mais toutes les nuits, j’étais à la barre. Et les nuits sont longues… Je dois avouer que la privation de sommeil, je n’étais pas prêt pour ça. Ça m’a fait mal au moral de voir que je ne pouvais pas tenir la cadence. »

Face à l’océan pas conciliant 

« Ça reste une chance de ouf d’être là. Mais en même temps, tu passes au milieu d’un endroit hostile. Il te le fait sentir souvent, avec des petites giclées dans la tête qui te rappellent que tu es en danger.
Tu sens que l’Atlantique, ce désert d’eau, il ne veut pas forcément de toi. Tu le traverses, ok, mais tu es juste toléré. »

Une aventure commencée bien avant le départ

« J’ai l’impression d’être en course depuis le premier jour de la construction du bateau. À partir du moment où j’ai posé le premier pli de carbone, j’étais déjà en course. Et je pensais qu’une fois sur l’Atlantique, ce serait le kiff total… Mais non : c’est le moment sauvage, celui où tu en prends plein la gueule.
Heureusement, par moments, je me rappelais que j’étais en train de traverser l’Atlantique en solitaire. Ça me refaisait un peu la poire, et j’arrêtais de regarder les classements
Mais franchement, malgré tout : je suis trop content d’être là ! »

Les chiffres de sa course
21 – Proto (1044) Brets – Don de Sang Bénévole – Matéo Lavauzelle
Arrivée : 12/11/2025 13:51:40 UTC
Temps de course : 17j 22h 51min 40s
Écart au premier : 4j 05h 26min 55s
Écart au précédent : 01h 50min 44s
Sur l’ortho : 2606.38 nm / 6.0 nds
Sur le fond : 3077.64 nm / 7.1 nd

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