« J’irai au bout de mes rêves, où la raison s’achève… » C’est sur cet air bien connu et entêtant que Thibault Dauvillier a rejoint le ponton au petit matin, sous les acclamations d’un comité d’accueil à l’enthousiasme contagieux. À 60 ans, le skipper a bouclé, à la barre de son Maxi Allez-hop ! Pure Ocean, sa première Mini Transat. Une arrivée joyeuse célébrant, autour de sa femme et ses proches venus nombreux, une traversée de l’Atlantique bien menée, ainsi qu’un défi personnel, entre jeunesse retrouvée et plaisir de naviguer en solitaire.
INTERVIEW
Que ressens-tu en arrivant ici, sur cette chanson que tu as choisie ?
« Oui, je suis allé au bout d’un rêve. Ce sentiment, je l’avais déjà ressenti sur la ligne de départ. Cette transat, c’est trois ans de travail pour en arriver là, pour traverser.
Souvent, on commence par la Mini, et quand je vois Paul (Cousin) qui a gagné, je me dis que c’est logique. Moi, à mon âge, c’était la première, mais aussi la dernière ! (rires)
En partant, je me disais que dans chaque vieux, il y a un jeune qui existe encore quelque part. À 60 ans, j’avais envie de voir ce qu’il restait de vivant, de jeune, en moi. C’est pour ça que j’ai choisi de participer à cette course.
Honnêtement, c’est la meilleure course et le meilleur classement depuis trois ans ! 40e, je n’avais jamais fait ça ! Et le vieux, il s’est éclaté. J’avais encore des choses à éprouver à titre personnel : cette notion de solitude, par exemple. Et finalement, tout s’est bien passé. Tout est grand, tout est beau, on en prend plein les yeux ! »
Cet océan dont tu es l’ambassadeur, t’a-t-il surpris ?
« D’abord, il est incroyablement bleu. Mais il m’a surtout surpris par sa puissance, car je suis passé dans des endroits que je ne connaissais pas.
J’ai beaucoup pensé à l’importance d’avoir un océan en bonne santé. Moi, c’est pour mes petits-enfants que j’y pense.
On est hyper privilégiés. Je viens d’une époque – comme tous ceux qui sont là aujourd’hui sur le ponton autour de moi (rires) – où, dans les années 60, on disait : “le plastique, c’est fantastique !” »
Sur un plan personnel, comment as-tu vécu ces 17-18 jours de mer ?
« Sur cette traversée, j’avais mis en place une vraie routine, et franchement, je ne me suis pas ennuyé.
J’avais plaisir à répondre quand j’entendais un appel VHF d’autres concurrents. L’aspect déconnexion ne m’a pas du tout gêné, d’autant plus que mon métier, c’est la communication. C’était presque un luxe pour moi ! »
Quels moments de mer retiens-tu ?
« Je retiens surtout les couleurs, et les surfs sur les vagues. C’était un vrai plaisir.
J’avais l’impression d’être sur un dériveur, de retrouver ma jeunesse. »
Une impression qui pourrait te donner envie de repartir ?
« Oh là, non ! J’ai promis à ma femme que je ne repartirais pas.
Tout au long du projet, j’ai vécu des moments de partage étonnants avec les jeunes du circuit Mini.
À aucun moment je ne me suis senti exclu.
Mais ces trois années ont aussi demandé de vraies concessions familiales. Ma femme m’a souvent reboosté quand j’avais des petits coups de mou. Elle a largement contribué au succès du projet. »



Sa course en chiffres
40 – Série (1093) Allez-hop ! Pure Ocean – Thibault Dauvillier
Arrivée : 12/11/2025 10:09:53 UTC
Temps de course : 17j 19h 09min 53s
Écart au premier : 2j 19h 30min 29s
Écart au précédent : 10h 09min 16s
Sur l’ortho : 2606.38 nm / 6.1 nds
Sur le fond : 3148.91 nm / 7.4 nds





