À 55 ans, Olivier Le Poitevin a bouclé sa Mini à bord de Des Pieds et Des Mains – Karen Liquid’, le doyen de la flotte des prototypes. Vingt-cinq ans après être tombé amoureux du 198, le skipper prof de math a réalisé un vieux rêve : traverser l’Atlantique à la barre de ce 6.50, double vainqueur de le course en 1997 et 1999. Malgré des avaries en série, il termine 23e, ravi d’avoir mené ce voilier au caractère bien trempé qui procure encore et toujours de vraies sensations glisse.
INTERVIEW
« Très content d’être là ! Ce n’est pas seulement l’aboutissement d’une transat, mais celui d’un projet de deux ans. C’est très fort, et je suis vraiment heureux d’être arrivé, à bon port en Guadeloupe avec ce 198. Ce bateau m’a rendu un peu le coup de foudre que j’avais eu pour lui en 1999 au tout début de la course. Mais ensuite, il m’a un peu puni… Je n’ai pas dû être très sage ! J’ai eu quelques soucis à bord. Pendant cinq jours, j’étais un peu mou, et c’est en voyant passer les derniers copains que je me suis remotivé. J’ai réparé le bout-dehors cassé pour pouvoir relancer la machine. À 120 milles de l’arrivée, je me suis dit que si ça recassait, tant pis ! »
Des avaries en série
« J’ai eu trois avaries d’affilée, en moins de 48 heures : d’abord un problème de quille que j’ai réparé, puis un lashing, et enfin le bout-dehors. Forcément, ça m’a un peu cassé le moral, surtout après plusieurs tentatives de réparation infructueuses.
À un moment, je me suis dit : “Le but, c’est juste d’arriver à Saint-François et de prendre un ti-punch, une bière.” Et puis, en voyant les autres approcher de la ligne, j’ai décidé de renvoyer quelque chose. Jusqu’à ma casse, il y avait toujours d’autres ministes autour, c’était assez sympa. J’étais 18e à ce moment-là, c’était à peu près la place que j’espérais. Ensuite, j’ai passé cinq jours sans voir personne. C’était agréable aussi, même si, seul, je suis peut-être un peu tombé dans un confort tranquille, entre mes bouquins et mes voiles en ciseaux. »
Un bateau mythique, toujours magique
« Ce bateau, je l’adore. Il est magique. Il procure des sensations incroyables de glisse, avec l’impression d’être sur un 470 ou un petit dériveur. La barre est facile, légère. Je pense que si on met un vrai pro dessus, il peut encore très bien marcher, même s’il est technique et un peu exigeant. Je l’ai découvert lors de mon voyage de noces avec ma femme — tout le monde rêvait sur ce bateau à l’époque. Il était mythique, et il l’est resté.
L’envie de faire la Mini venait de là : une course longue, avec des hauts et des bas émotionnels, et c’est ce qui en fait une magnifique aventure. Ce n’était pas tant la traversée de l’Atlantique que je voulais découvrir, mais la manière de la vivre sur un bateau comme celui-là — plus technique, plus volage, capable de partir au tas dès qu’on le surtoile. »


Les chiffres de sa course
23 – Proto (198) Des Pieds et Des Mains – Karen Liquid’ – Olivier Le Poittevin
Arrivée : 12/11/2025 16:47:32 UTC
Temps de course : 18j 01h 47min 32s
Écart au premier : 4j 08h 22min 47s
Écart au précédent : 01h 09min 04s
Sur l’ortho : 2606.38 nm / 6.0 nds
Sur le fond : 2946.67 nm / 6.8 nds





