Nicolas Schmid : Des lacs suisses au grand océan

Après cinq années de préparation et de défis, il franchit enfin la ligne d’arrivée de la Mini Transat. Pour ce skipper suisse, cette traversée n’était pas seulement une course : c’était un projet de vie, construit sur l’innovation, la persévérance et une relation presque intime avec son bateau. Entre joies, coups de gueule et instants de contemplation sous la voie lactée, il retient avant tout le bonheur d’avoir traversé l’Atlantique.

Interview

C’est cinq ans de projet qui se terminent. On en a vu des vertes et des pas mûres, pas seulement sur cette course, mais sur toute la préparation. Arriver là, c’est un aboutissement, c’est incroyable.

As-tu trouvé ce que tu cherchais ?
On a toujours quelque chose à y chercher. C’est un plaisir d’avoir traversé. La course était là, mais je l’ai vite mise à l’écart. J’ai pris beaucoup de retard aux Canaries, j’ai vu que je grattais un peu des places, mais il y a toujours cette insatisfaction de se dire qu’on peut toujours faire mieux après coup.
Mais le résultat est là : on est de l’autre côté, on a traversé, et c’est ça qui compte — et avec énormément de plaisir. Parfois, il y a eu des coups de gueule, on s’est engueulés tous les deux (avec le bateau).
Mais sinon, ce n’était que du bonheur.

Est-ce que tu as une explication sur le fait qu’il y ait autant de Suisses ?
On a des lacs, mais il nous manque du sel, alors on vient chercher le sel ! (rires)

Cette envie de faire la Mini, tu la nourris comment ?
Je l’ai nourrie en 2013, à Cascais. J’ai vu le bateau de Ian Lipinski quand il a démâté, avec la carte de l’Atlantique accrochée dans le cockpit. La Mini, je ne connaissais pas du tout. Je ne pensais jamais participer à une course en solitaire, mais je me suis dit : il faut foncer et la faire.

Comment tu t’es préparé ?
Il a d’abord fallu trouver des financements pour acheter le bateau. À ce moment-là, le scow venait de sortir, et je me suis dit : autant partir sur quelque chose d’innovant, qui sort de l’ordinaire.
J’ai trouvé un pôle d’entraînement à Concarneau, mais ensuite je n’avais plus les moyens financiers pour m’y entraîner régulièrement. Du coup, je me suis entraîné sur le lac, chez nous, en Suisse. J’ai fait des régates de qualification qui ont été un bon entraînement pour la Transat.

Raconte-nous ces rencontres humaines après la traversée de l’océan.
Oui et non… On s’y attend, mais on ne sait pas trop comment ça va se passer. On est pressé d’arriver, mais en même temps, on n’a pas envie de poser le pied à terre tout de suite.
Les derniers instants à bord avec le bateau, j’avais besoin d’être dans mon cocon avec lui. On se parlait, on s’est dit au revoir comme ça.
Je suis impatient que les copains me racontent leur course autour d’une bière.

Qu’est-ce que tu retiens de cette course ?
Joie, bonheur, glisse, que du plaisir. Des couchers de soleil magnifiques, il faisait beau, chaud, presque comme une croisière. Les choses se faisaient naturellement. Je me suis senti dans mon élément.


Sa course en chiffres :
46 – Série (978) Mantay – Nicolas Schmid
Arrivée : 12/11/2025 19:10:27 UTC
Temps de course : 18j 04h 10min 27s
Écart au premier : 3j 04h 31min 03s
Écart au précédent : 01h 34min 35s
Sur l’ortho : 2606.38 nm / 6.0 nds
Sur le fond : 3169.53 nm / 7.3 nd

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