Paroles de skippers

Après un début de course marqué par une météo complexe et des escales improvisées sur la côte portugaise, les 89 concurrents de La Boulangère Mini Transat sont désormais tous amarrés à la Marina de Santa Cruz de La Palma.
La flotte au complet profite d’un moment de répit avant la grande traversée de l’Atlantique vers la Guadeloupe. Pour beaucoup, cette première partie de course aura été synonyme d’adaptation, d’improvisation et de solidarité.

Voici les réactions de quelques marins à leur arrivée sur l’île.


Jérémy de Rochefort (no 525 – Alphonse)

Il faut aimer les changements de plan

“La traversée s’est bien passée, on a eu de super conditions. Je suis content d’être arrivé à La Palma, c’est une très belle île que j’ai hâte de découvrir. J’ai juste eu quelques petits soucis de digestion sur la fin, mais c’est comme ça. Rien de cassé sur le bateau, à part trois bricoles.
Mon escale à Porto s’est bien passée. Évidemment, ce n’était pas prévu, donc le départ s’est fait un peu sur le mode aventure, mais bon, ça fait partie du jeu. Je pense que quand on fait du bateau, il faut aimer un peu les changements de plan, parce que ça fait partie des choses qui peuvent arriver. À terre, l’ambiance avec les marins était super, on a passé un très bon moment avant de repartir en mer.”


Thomas Quillasi (no 819 – Pulse France Renouvelables)

Une belle traversée sous le soleil

“Je suis super content d’être arrivé à La Palma ! Il fait beau, l’île a l’air vraiment sympa, ça s’annonce bien. La traversée s’est très bien passée : on a eu de super conditions, pas de pluie et uniquement du portant. Il y a eu un petit épisode de pétole et de portant VMG, donc parfois un peu mou, mais globalement c’était top. J’ai même pu embarquer ma copine, qui est toujours là, toute souriante.
L’escale était sympa, je me suis arrêté à Baiona, un village très agréable avec un petit resto super sympa et une super ambiance.”


Joshua Schopfer (no 1028 – Mingulay)

Une drôle de sensation, puis l’envie d’avancer

“Au moment où j’ai reçu le message, j’étais en discussion VHF avec mon concurrent le plus proche, Cédric Mar. On a appris la nouvelle ensemble. Pour moi, ça a été un coup dur car ce projet me tenait à cœur depuis longtemps. L’annonce de l’annulation a provoqué une drôle de sensation, comme si on perdait quelque chose de grand.
Avec Cédric, on a vite relativisé : ça fait partie de l’aventure, et l’aventure continue.
En voyant la puissance de l’ouragan, qui aurait touché la moitié de la flotte, on a tout de suite compris la décision de la direction de course.

Mon escale à Cascais était super chouette, on était une belle équipe. Le premier soir était sympa : personne n’avait son téléphone, on ne pouvait pas contacter nos familles. On s’est tous retrouvés en ville, on a mangé, bu quelques bières et partagé nos histoires et péripéties des quatre premiers jours en mer.
Il y a eu beaucoup d’entraide, car plusieurs avaient eu de la casse. On s’est aidés les uns les autres pour pouvoir repartir dans de bonnes conditions jusqu’à La Palma.Le convoyage était chouette, car je n’avais jamais passé autant de temps en mer sans être en mode course. Me retrouver avec le bateau et avec cette liberté d’esprit, c’était très agréable aussi.
Ici, à La Palma, j’ai encore quelques petits soucis à régler, mais je pense que c’est pareil pour tout le monde.”


Augustin Osmont d’Amilly (no 997 – Tanak Tombolog)

Une aventure humaine incroyable

“C’est bizarre parce que quand je reçois le message, mon premier réflexe, c’est d’affaler mon spi et mettre le cap vers le Portugal. Je me pose à l’intérieur, je sors la carte, je regarde les meilleurs ports où aller. Je n’ai pas vraiment d’émotions à ce moment-là : on comprend qu’il y a une tempête, mais on n’a pas beaucoup d’infos. Au début, on se dit que ça devrait aller, mais la météo qu’on a eue deux heures après l’annonce a tout changé. Là, on a compris ce qu’on allait se prendre sur la tête : 7 à 8 mètres de creux, 44 à 55 nœuds de vent. Là, le stress est monté. Je me suis dit qu’il fallait absolument être à l’abri le plus tôt possible, parce que je ne voulais pas me retrouver dans cette mer et ce vent-là.

J’ai fait route vers Porto. À ce moment-là, on se dit : “En fait, on part pour une expérience mais on ne sait pas ce qu’elle va donner, il n’y a plus de course, tu vas vers un port inconnu.”
Une fois arrivé à Porto, ce qui a réchauffé le cœur, c’est l’accueil à notre arrivée : on débarque avec pas grand-chose. Je me rends à la capitainerie, on me demande “Passeport et les papiers du bateau ?” Je réponds “non et non”. Le gars me regarde et me dit : “Ne t’inquiète pas, va te reposer, range le bateau, on verra ça après.” Les bateaux accompagnateurs étaient là, ils nous ont bien aidés.

On a pu prendre notre premier café en six jours, et les premiers contacts humains aussi. La descente du golfe de Gascogne n’a pas été évidente, les conditions étaient vraiment sportives, donc difficile de décrire l’état d’esprit à ce moment. J’étais pas trop déçu de l’annulation parce que j’étais derrière, avec des problèmes, mais c’était unique. Découvrir une ville sans téléphone, sans rien, errer dans les rues sans parler la langue, devoir se débrouiller, demander des téléphones à droite à gauche, c’est assez marrant.

Le défi sportif est toujours hyper présent, humainement c’est ouf d’être avec tout le monde au port. On a l’impression d’une grande colo, on rencontre des gens hyper différents qu’on n’aurait jamais croisés autrement. On est tous “paumés” sur une île au milieu de l’océan, ça rapproche et tout le monde est hyper cool.”


Erwan Lebeau (no 753 – Pour France Alzheimer)

Une escale improbable mais bienvenue

“Pendant cette première étape j’étais toujours un peu sous pression, avec l’objectif de scorer un peu. Après le passage de la Corogne, j’avais déjà passé le gros de la descente du Golfe de Gascogne, un peu sportive. Ça a été beaucoup plus fun, moins de pression, et les conditions étaient nettement meilleures avec le beau temps revenu.

Quand j’ai appris l’annulation de la première étape, j’étais estomaqué, je me disais “mais mince, c’est pas possible”. Au début, grosse déception, puis j’ai vu ça comme un rebondissement sympa, avec un petit côté aventure. Finalement, je l’ai très bien vécu et je n’ai aucun regret. L’organisation a bien géré, la sécurité prime avant tout.

C’était un peu improbable pour nous cette escale improvisée. En discutant avec les copains voisins via la VHF, on a vu que Peniche était le port le plus proche. Le stress venait du fait qu’on avait très peu de vent et qu’un ouragan arrivait, alors qu’on ne pouvait pas avancer. C’était l’angoisse pour réussir à arriver au port à temps. Peniche a été un soulagement : un petit port très sympa, un accueil du club naval génial, des remorquages nocturnes très bien organisés et une solidarité qui a réchauffé le cœur de tous.

Une fois arrivés à Peniche, on était super contents de se retrouver, malgré une déception pour certains visant le podium. Pour la majorité, c’était la bonne décision. On était ravis de cette escale improbable, on a fait la fiesta, bien rigolé avec les copains et ça a apporté du piment à la transat.”

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